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Le microbiote intestinal : un acteur clé dans la santé nutritionnelle  

Par Andréanne Martin, experte en nutrition

Le microbiote intestinal : un acteur clé dans la santé nutritionnelle Le microbiote intestinal : un acteur clé dans la santé nutritionnelle

Le microbiote intestinal est devenu un sujet de très grand intérêt en nutrition depuis quelques années. Celui-ci se définit comme l’ensemble des micro-organismes présents dans le tractus intestinal, incluant entre autres des bactéries, des levures et des champignons (19). Les bactéries intestinales sont généralement les plus étudiées. Dans les recherches récentes, les chercheurs ont constaté que cet écosystème complexe a un impact significatif sur la santé de l’hôte (7). Le microbiote fécal humain contient plus de 1 000 phylotypes (espèces) de différents phyla tels que les Firmicutes, les Bacteroidetes et les Proteobacteria (6, 11). L’expression qualifiant le microbiote de « 2ème cerveau » découle de toutes ces implications observées dans plusieurs conditions de santé et des symptômes chez différentes populations. L’implication de la nutrition dans ce domaine est essentielle étant donné que l’alimentation est un facteur modifiable qui influence le microbiote intestinal (14, 19). En effet, on estime que les changements alimentaires peuvent expliquer jusqu’à 57 % des changements qui y ont cours, alors que les gènes de l’hôte en expliquent seulement 12 % (20).  

Le rôle du microbiote intestinal dans la santé globale

En caractérisant le microbiote intestinal, les études se sont également penchées sur ses principales fonctions. Le microbiote est impliqué dans la digestion des fibres alimentaires par la fermentation effectuée par les bactéries (6, 19). Cette fermentation permet la synthèse des acides gras à chaîne courte (AGCC), composantes bénéfiques pour la santé globale (6, 19). En effet, les AGCC qui incluent l’acétate, le propionate et le butyrate, sont des sources d’énergie pour les cellules intestinales épithéliales (6, 19). Les AGCC favorisent également le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale, essentielle dans les réductions de réactions inflammatoires (6, 14). Les AGCC contribuent aussi à la gestion de la satiété par l’implication des hormones incrétines (2, 5). Par exemple, le butyrate et le propionate augmentent la production et la sécrétion de la GLP-1 (2, 5). Le « deuxième cerveau » est impliqué dans l’éducation du système immunitaire (12). Par son rôle protecteur, les bactéries « saines » du microbiote occupent les surfaces intestinales et empêchent l’invasion de micro-organismes pathogènes (6). Il est également impliqué dans les fonctions mentales et neurologiques par les communications entre celui-ci et le cerveau ainsi que dans la synthèse des neurotransmetteurs (6, 7, 12, 14). De plus, le microbiote intestinal aide à l’absorption de différents minéraux (magnésium, fer, calcium, phosphore), ce qui favorise la santé osseuse (6, 12). Il synthétise aussi différentes vitamines dont celles du complexe B et K (6, 11, 12).

 

Par ces multiples fonctions, les chercheurs scientifiques ont constaté que certains profils bactériens étaient plus « favorables » que d’autres sur la santé globale. Sans avoir de consensus officiel, un microbiote dit « sain » semble se caractériser par une diversité bactérienne, tant qualitative que quantitative. Un déséquilibre du microbiote intestinal est appelé une dysbiose intestinale (19). Cette altération de ce dernier a été observée dans plusieurs pathologies, dont l’obésité, le diabète de type 2, les maladies inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn, colite ulcéreuse), le syndrome de l’intestin irritable et la dépression (6, 11, 12, 14, 17, 19). À ce jour, la science n’a pas encore déterminé si la dysbiose est une cause ou une conséquence de ces pathologies. Cependant, il est certain qu’un microbiote altéré joue un rôle, notamment par la présence accrue de bactéries davantage « pro-inflammatoires » ainsi qu’une altération de la barrière intestinale (17, 19).

Microbiote et nutrition

Comme mentionné précédemment, l’alimentation est un élément clé pour un microbiote intestinal sain. Des études ont bien démontré que l’impact de l’alimentation est très rapide sur sa composition (18). En effet, lors de la consommation d’une alimentation riche en fibres (30 g par jour) comparativement à une alimentation faible en fibres et riche en viandes, la composition et la fonction du microbiote ont changé entre un à deux jours (18). Évidemment, le délai de « réponse » à des changements alimentaires sur les bactéries est variable d’un individu à l’autre selon leur microbiote propre (18).

 

Plusieurs composantes et groupes alimentaires sont bénéfiques pour les bactéries intestinales. Sans surprise, les fibres sont un nutriment essentiel pour un microbiote équilibré (6, 10, 14). Par leur fermentation, les AGCC sont alors produits par les bactéries intestinales (6). Les études rapportent qu’une alimentation riche en fibres et en végétaux favorise une diversité et une richesse bactérienne en plus de réduire les bactéries opportunistes et les marqueurs inflammatoires (10, 16).

La consommation d’aliments riches en prébiotiques, dont certains sont également riches en fibres, est aussi bénéfique pour les bactéries intestinales. Vus comme de la « nourriture » pour les bactéries, les prébiotiques regroupent plusieurs types comme l’inuline, l’amidon résistant et les polyphénols (3, 6, 20). La consommation d’aliments riches en prébiotiques est associée à un profil de microbiote plus « favorable », un maintien de l’intégrité de la barrière intestinale ainsi qu’une augmentation de la production d’AGCC (3, 6). Pour bien illustrer l’importance de ce nutriment, l’alimentation faible en FODMAP, particulièrement faible en aliments prébiotiques, a démontré des effets plus « néfastes » sur le microbiote (1, 4, 15). En effet, cette alimentation est associée à une diminution de la diversité du microbiote et de certaines bactéries bénéfiques, dont les Bifidobacteria lors de son utilisation prolongée (1, 4, 15). Malgré les bienfaits cliniques sur la gestion des symptômes gastro-intestinaux, cela démontre bien l’importance de ne pas l’appliquer à long terme pour la santé microbienne.

Un autre élément intéressant à considérer pour la santé du microbiote est les probiotiques. Ceux-ci sont définis comme des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantité adéquate, confèrent un bénéfice à l’hôte (9). Les probiotiques sont actuellement étudiés dans plusieurs contextes et diverses populations. Le défi actuel de la science est l’hétérogénéité des données incluant les souches bactériennes et leurs quantités, leur durée d’utilisation et les clientèles ciblées. Les conclusions des études sont alors difficiles à établir par ces multiples facteurs en plus de considérer que le microbiote est unique à chacun ! La gestion des symptômes gastro-intestinaux pour différentes pathologies est, quant à elle, un peu plus documentée. Pour cibler les produits les plus favorables selon les symptômes, le Guide clinique des probiotiques est un outil très intéressant (8) !

Prise en charge clinique et recommandations pour les diététistes-nutritionnistes

Cliniquement, il est possible de recommander des aliments favorables pour la santé microbienne à chez plusieurs clientèles. En effet, comme mentionné précédemment, les liens sont nombreux en regard de la santé et l’alimentation est un facteur important pour l’équilibre du microbiote. Pour le moment, il n’y a pas de consensus scientifique sur l’utilisation de tests qui permettraient de bien évaluer la santé du microbiote. Plusieurs entreprises tentent de se tailler une place pour aider le professionnel à personnaliser son intervention et parmi celles-ci, on reconnaît plus de valeur scientifique à celles qui utilisent la métagénomique shotgun et qui n’ont pas comme but commercial de vendre leurs propres suppléments aux clients de ces analyses. Pour l’instant, les pathologies, l’évaluation nutritionnelle, les données médicales et les symptômes présents sont les ressources utilisées pour cibler les recommandations nutritionnelles.

 

Comme type d’alimentation, l’alimentation méditerranéenne est associée à une bonne santé microbienne. En effet, cette alimentation est adjointe à une augmentation de la diversité des bactéries et des AGCC (3, 14, 16). Ces bienfaits s’expliquent par le fait que l’alimentation méditerranéenne est riche en fibres, en végétaux, en oméga-3 et faible en protéines animales et en aliments transformés (3, 14, 16).

 

Plus en détail, il est effectivement important de réduire la consommation de protéines animales pour la santé du microbiote (3, 14, 16). En effet, une alimentation riche en protéines animales a été associée à une augmentation des bactéries « néfastes » et du TMAO, marqueur inflammatoire ayant un rôle dans les maladies cardiovasculaires (3, 10, 16). À l’inverse, la consommation de protéines végétales est davantage associée à l’augmentation des « bonnes » bactéries (3, 16).

 

La variété alimentaire est également importante dans la santé microbienne. En effet, une étude chez plus de 10 000 sujets a observé un profil bactérien plus « sain » chez ceux consommant plus de 30 types de « plantes » différentes par semaine comparativement à ceux en consommant moins de 10 (13). Dans l’étude, ces « plantes » incluaient entre autres les légumes, les fruits, les graines, les noix, les grains entiers et les légumineuses (13). La variété alimentaire est donc plus que suggérée.

 

Privilégier des aliments peu transformés est également de mise pour les bactéries intestinales (14, 16, 20). En effet, la consommation d’additifs alimentaires comme les édulcorants (sucralose, aspartame, saccharine) et les émulsifiants (carboxyméthylcellulose, polysorbate 80) a été associée à des altérations du microbiote intestinal (14, 16, 20).

En bref, les recommandations nutritionnelles pour un microbiote sain sont (16) :

 

 

Pour conclure 

Ainsi, le microbiote intestinal est important pour la santé globale. En effet, il effectue plusieurs fonctions essentielles dans l’ensemble du corps. Ces bactéries intestinales jouent également un rôle clé dans plusieurs conditions de santé. Il sera intéressant de suivre l’actualité scientifique pour mieux comprendre le concept de « signature microbienne » qui semble vouloir devenir des facteurs de prédispositions aux allergies, à certaines maladies touchant la santé mentale, à l’obésité, etc. Alors que le sujet est très tendance, on réalise également les nombreuses associations entre les bactéries intestinales et les hormones, tant en contexte de fertilité qu’à la périménopause. Il sera intéressant de constater quelle place se taillera le microbiote dans la gestion de ces moments critiques.

 

Évidemment, ce monde de micro-organismes a encore beaucoup de choses à nous apprendre. Les prochaines études évaluant les impacts de l’alimentation sur le microbiote permettront potentiellement de personnaliser encore davantage les recommandations selon la signature bactérienne de chacun.


Références de l'article

  1. Algera et al. (2019) The Dietary Management of Patients with Irritable Bowel Syndrome: A Narrative Review of the Existing and Emerging Evidence. Nutrients Sep 9;11(9):2162. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31505870/
  2. Angelini et al. (2024) Incretin hormones, obesity and gut microbiota. Peptides Aug;178:171216. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38636809/
  3. Beam et al. (2021) Effect of Diet and Dietary Components on the Composition of the Gut Microbiota. Nutrients Aug 15;13(8):2795. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34444955/
  4. Black et al. (2022) Efficacy of a low FODMAP diet in irritable bowel syndrome: systematic review and network meta-analysis. Gut Jun;71(6):1117-1126. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34376515/
  5. Enache et al. (2024) The Role of Gut Microbiota in the Onset and Progression of Obesity and Associated Comorbidities. Int J Mol Sci Nov 16;25(22):12321. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39596385/
  6. Gomaa (2020) Human gut microbiota/microbiome in health and diseases: a review. Antonie Van Leeuwenhoek. Dec;113(12):2019-2040. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33136284/
  7. Goralczyk-Binkowska et al. (2022) The Microbiota-Gut-Brain Axis in Psychiatric Disorders. Int J Mol Sci Sep 24 ;23(19) : 11 245. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36232548/
  8. Guide clinique des produits probiotiques disponibles au Canada (AEProbio) http://www.probioticchart.ca
  9. International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) 2022 Probiotics https://isappscience.org/for-clinicians/resources/probiotics/
  10. Landry et Ward (2024) Health Benefits of a Plant-Based Dietary Pattern and Implementation in Healthcare and Clinical Practice. Am J Lifestyle Med Mar 14;18(5):657-665. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39309320/
  11. Lloyd-Price et al. (2016) The healthy human microbiome. Genome Med 27;8, 1-11. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27122046/
  12. Madhogaria et al. (2022) Correlation between human gut microbiome and diseases. Infect Med (Beijing)Aug 24;1(3):180-191. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38077626/
  13. McDonald et al. (2018) American Gut Consortium; Knight R. American Gut: An Open Platform for Citizen Science Microbiome Research. mSystems May 15;3(3): e00031-18. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29795809/
  14. Moszak et al. (2020) You Are What You Eat-The Relationship between Diet, Microbiota, and Metabolic Disorders-A Review. Nutrients Apr 15;12(4):1096. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32326604/
  15. Radziszewska et al. (2023) Nutrition, Physical Activity and Supplementation in Irritable Bowel Syndrome. Nutrients Aug 21;15(16):3662. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37630852/
  16. Rinninella et al. (2023) The role of diet in shaping human gut microbiota. Best Pract Res Clin Gastroenterol Feb-Mar;62-63:101828. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37094913/
  17. Santana et al. (2022) Dysbiosis in Inflammatory Bowel Disease: Pathogenic Role and Potential Therapeutic Targets. Int J Mol Sci Mar 23;23(7):3464. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35408838/
  18. Sonnenburg et Bäckhed (2016) Diet— microbiota interactions as moderators of human metabolism. Nature 535 ;7610, 56-64. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27383980/
  19. Valdes et al. (2018) Role of the gut microbiota in nutrition and health. BMJ 13;361, 1-24. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29899036/
  20. Zhang et al. (2023) Dietary components regulate chronic diseases through gut microbiota: a review. J Sci Food Agric Nov;103(14):6752-6766. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37225671/

Cet article transmet uniquement des informations générales qui ne remplacent pas les recommandations ni les soins d’un professionnel de la santé.

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