La ménopause et les années qui la précèdent font l’objet de plusieurs conversations. Certaines femmes appréhendent cette étape de leur vie. Il y a pourtant des pays où les femmes vivent très bien cette transition : elles sont valorisées et reconnues pour leur sagesse ainsi que leur contribution à la communauté. Voyons ici les stades et les défis de santé qui peuvent se présenter au moment de la ménopause.
Premier stade : baisse de progestérone
On parle toujours des œstrogènes, mais la première hormone qui diminue en périménopause est la progestérone. Cela peut donc donner des malaises de surplus d’œstrogènes pour un temps, mais en fait il n’y a plus suffisamment de progestérone qui vient jouer un rôle équilibrant par rapport aux œstrogènes.
Voici les malaises qui laissent entendre que l’équilibre est perturbé :
- Cycles plus courts : 21 à 25 jours
- Syndrome prémenstruel plus marqué (SPM)
- Menstruations plus abondantes
- Insomnie
- Seins sensibles ou avec des kystes
- Gain de poids sans raison apparente
- Maux de tête cycliques
- Anxiété
Tous ces indices ne seront pas forcément présents chez toutes les femmes, mais lorsque quelques-uns sont présents, cela donne des indications sur les pistes de solutions.
Baisse des œstrogènes
Ensuite, en général, six mois à un an avant la ménopause, les œstrogènes diminuent, mais avec des fluctuations importantes : pouvant passer du double du taux normal dans un cycle, puis chuter. Alors que la baisse de progestérone se fait habituellement de manière graduelle, celle des œstrogènes est plutôt en dents de scie.
Vos clientes peuvent commencer à ressentir des signes de sevrage d’œstrogènes :
- Sécheresse vaginale, tégumentaire, oculaire
- Sueurs nocturnes
- Relations sexuelles douloureuses
- Problèmes de mémoire
- Infection de vessie
- Dépression léthargique
- Chaleurs
Certains malaises, comme des troubles anxieux, une glycémie déréglée, de l’hypothyroïdie, des palpitations ou de l’arthrite, peuvent se manifester et mettre en évidence les sensibilités des clientes. Ces points sont à prendre en considération dans leur accompagnement.
Passons maintenant en revue quelques symptômes courants et les plantes appropriées et nous verrons que certaines agissent sur plusieurs malaises.
Système nerveux et facultés cognitives
La baisse des taux des hormones féminines demande un recalibrage. Ce processus est plus ou moins long. Dans ce laps de temps, des difficultés de concentration et de gestion du stress peuvent survenir.
Pour rassurer les femmes dans cette étape, une approche ciblant la gestion des hormones est visée. Après la ménopause, les dosages d’œstrogènes redeviendront comparables à ceux des enfants ou des hommes.
Recommandations pour la gestion du stress et du sommeil :
Vitex (Vitex agnus-castus) : dans ma pratique, j’y ai recours, car il soutient la production de progestérone et possède des propriétés apaisantes dans les premiers stades de la périménopause. Il peut être utilisé quand les malaises de la cliente affichent une baisse de progestérone, et il est possible de le prendre pendant une période prolongée, et ce, sans contrainte.
Ma recommandation : je le suggère à raison de 20 gouttes de teinture le matin et je le fais cesser pendant les règles, soit de cinq à six jours. Ce dosage est suffisant et très efficace pour ramener des cycles plus longs (autour de 28 jours) et soulager les malaises liés au déséquilibre hormonal.
Effets observés : les cycles deviennent plus longs, la période prémenstruelle est mieux vécue avec diminution ou disparition des malaises courants.
Le sommeil peut être perturbé également. Si le Vitex ne suffit pas, on pourra au besoin ajouter une plante adaptogène calmante ou une plante sédative.
Ashwagandha (Withania somnifera) : cette plante adaptogène agit comme soutien face aux perturbations observées du sommeil. Ce remède ayurvédique permet de retrouver de la force et apaise l’organisme.
Ma recommandation : sous forme de poudre, on bénéficie de son effet nutritif, mais la teinture est aussi très agissante. La prise d’ashwagandha pourra être recommandée pour une période s’étalant sur plusieurs mois.
Avantages : différentes formes sont offertes sur le marché. Elle est bien tolérée et très appréciée pour calmer l’anxiété, le stress et procurer une force tranquille pour faire face aux défis du quotidien.
J’ai des clientes qui prennent le vitex et l’ashwagandha pendant quelques années avant d’arriver au stade où elles sautent quelques cycles, alors qu’elles approchent de la ménopause.
Recommandations pour la gestion du stress et du sommeil :
Pour soutenir la mémoire, la concentration et les facultés cognitives en général, le bacopa, le gotu kola, le romarin pourront être consommés pendant quelques mois.
Il ne faut pas négliger le mouvement, et il est important de le rappeler à nos clientes. Des études ont démontré que faire de 45 à 60 minutes d’exercice trois fois par semaine augmente la taille de l’hippocampe, la matière grise et la matière blanche dans le cerveau. L’exercice a un effet modulateur sur le système immunitaire et réduit les facteurs de l’inflammation qui est considérée comme un signe annonciateur de l’Alzheimer (1).
Le cerveau est sensible au changement dans le flux sanguin, car cela affecte la nutrition et l’oxygénation des cellules nerveuses. On a observé que lors de l’activité physique, il y a libération de myokines, des peptides qui favorisent la réparation des muscles, mais pas seulement, ces substances passent la barrière hématoencéphalique et contribuent à la santé des neurones et à la prévention de la maladie d’Alzheimer (2).
Arthrite
Il n’est pas rare que des douleurs articulaires se manifestent au tournant de la ménopause. Le retrait d’aliments inflammatoires peut faire toute la différence. Outre cela, les oméga-3, l’actée à grappes noires, le curcuma et la reine-des-prés sont de précieux alliés. On pourra ajouter à cela une infusion minéralisante qui contribuera à la santé des articulations; la prêle et l’aubépine par exemple.
Actée à grappes noires (Actaea racemosa) : elle calme et améliore l’humeur et l’anxiété. C’est donc une belle alliée lors de SPM ou de ménopause.
Propriétés : elle est anti-inflammatoire et participe à réduire les douleurs articulaires. On observe des activités sérotoninergiques, dopaminergiques et sur les récepteurs opioïdes qui seraient potentiellement la cause des effets bénéfiques sur les symptômes de la ménopause. Le système nerveux et le système hormonal étant très liés, il semble plus probable que c’est par le biais de l’effet sur les neurotransmetteurs qu’elle a un effet bénéfique lors de la ménopause, et non pas un effet œstrogénique comme on l’a d’abord cru.
Ma recommandation : la teinture est une forme pratique et facile à doser. Elle est souvent jumelée à d’autres plantes selon les besoins, mais peut être prise seule.
Prêle (Equisetum arvense) :
Propriétés : elle soutient la santé des tissus conjonctifs comme les articulations, les cheveux, les ongles grâce à son contenu en silicium. Elle participe au maintien de santé des tissus conjonctifs pendant et après la ménopause.
Ma recommandation : l’infusion d’une cuillère à thé comble par tasse est la meilleure façon de bénéficier de ses bienfaits. Au départ, pendant quelques semaines, je suggère deux tasses par jour, ensuite quelques fois par semaine.
Problèmes cardiovasculaires
L’aubépine est la plante nutritive de base pour ce système. Le duo feuille-fleur ou les fruits sont utilisés. Elle peut être prise quotidiennement ou plusieurs fois par semaine pour son soutien cardiovasculaire et articulaire.
Aubépine (Crataegus spp.) : c’est la plante de base par excellence pour ce système.
Propriétés : son effet nourrissant et antioxydant prévient la dégénérescence des tissus; elle protège le cœur et les vaisseaux sanguins. Elle fortifie le muscle cardiaque, améliore son efficacité et en régularise les battements. Elle améliore aussi la circulation sanguine des vaisseaux coronaires. Elle a un léger effet hypotenseur.
Ma recommandation : elle peut être utilisée en prévention, quelques fois par semaine, notamment chez des clientes de plus de soixante ans qui présentent des antécédents de maladies cardiaques. Si un problème s’annonce, on la consomme quotidiennement selon la posologie des fabricants. La feuille et la fleur sont consommées en infusion à raison de deux tasses par jour ou en teinture.
Si des palpitations sont présentes, c’est vraiment l’agripaume qui est la reine du rythme. On pourra la prendre en prévention, également lorsque des palpitations surviennent. Parallèlement, on cherchera la cause émotionnelle ou anxiogène de ce symptôme.
L’ail dans l’alimentation et sous forme de supplément est bien connu pour réduire le cholestérol et la tension artérielle.
L’hibiscus peut se jumeler à l’aubépine pour améliorer la tension artérielle.
L’achillée millefeuille et la vigne rouge soutiennent la santé des vaisseaux sanguins et réduisent les ecchymoses et varices.
Pour conclure
Bien accompagnées, les femmes traversent au mieux cette nouvelle phase de leur vie. Dans un prochain article, nous aborderons l’ostéoporose, les bouffées de chaleur, la santé, vaginale et urinaire.
Cet article transmet uniquement des informations générales qui ne remplacent pas les recommandations ni les soins d’un professionnel de la santé. L’effet des produits présentés dans ce texte peut varier d’une personne à l’autre; certains d’entre eux peuvent être contre-indiqués pour vous et susceptibles d’interagir avec vos médicaments si vous en prenez. Dans le cas où vous êtes suivi pour un problème de santé, consultez un professionnel de la santé avant de les intégrer à votre alimentation.
Références :
BRICE-YTSMA, Hanaja et Adrian McDERMOTT. Herbal Medicine in Treating Gynaecological Conditions, Aeon Books Ltd, Londres, 2020.
BRIDEN, Lara, ND. Homone repair manual, Greenpeak Publishing, 2021.
ROMM, Dr Aviva. Botanical Medicine for Women’s Health, 2017
Publications électroniques
(1) De la Rosa A, Olaso-Gonzalez G, Arc-Chagnaud C, Millan F, Salvador-Pascual A, García-Lucerga C, Blasco-Lafarga C, Garcia-Dominguez E, Carretero A, Correas AG, Viña J, Gomez-Cabrera MC. Physical exercise in the prevention and treatment of Alzheimer's disease. J Sport Health Sci. 2020 Sep;9(5):394-404. doi: 10.1016/j.jshs.2020.01.004. Epub 2020 Feb 4. PMID: 32780691; PMCID: PMC7498620.
(2) Di Liegro CM, Schiera G, Proia P, Di Liegro I. Physical Activity and Brain Health. Genes (Basel). 2019 Sep 17;10(9):720. doi: 10.3390/genes10090720. PMID: 31533339; PMCID: PMC6770965.