Plusieurs éléments sont importants pour un microbiote intestinal équilibré. Parmi eux, on retrouve les prébiotiques, les probiotiques et les postbiotiques. Ces éléments peuvent être vulgarisés ainsi : la « nourriture » des bactéries, les bactéries elles-mêmes et les composés qu’elles synthétisent. Ces trois composants procurent plusieurs bienfaits sur l’équilibre microbien et sur la santé globale.
Prébiotiques
Les prébiotiques se définissent comme des composants alimentaires qui confèrent des bienfaits sur la santé de l’hôte (4, 9). Ce sont des glucides qui ne sont pas accessibles aux enzymes du corps. Ces derniers atteignent intacts le tube digestif et ils y sont fermentés par les bactéries intestinales (4, 9). Cela favorise ainsi la stimulation de la croissance et du métabolisme des bactéries bénéfiques (4, 9). Les prébiotiques sont ainsi considérés comme un outil nutritionnel pour moduler le microbiote intestinal (4).
Ils sont catégorisés en groupes tels que les fructo-oligosaccharides (FOS), les galacto-oligosaccharides (GOS), les gluco-oligosaccharides, l’inuline et l’amidon résistant (4, 9). Les études ont démontré plusieurs bienfaits des prébiotiques sur le microbiote tels que l’augmentation des bactéries bénéfiques et des acides gras à chaîne courte (AGCC) ainsi que le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale (2, 5). À titre d’exemple, la consommation d’inuline et de FOS a été associée à une augmentation des Bifidobacterium et des Lactobacillus (3).
Sources de prébiotiques : betterave, asperge, ail, oignon, légumineuse, banane plutôt verte, grains entiers, avoine, pomme de terre, noix, graines, petits fruits, café, thé
La recherche scientifique s’intéresse aussi aux effets des suppléments de prébiotiques sur la santé. En effet, ceux-ci peuvent influencer la perception d’appétit, l’homéostasie énergétique et la production d’AGCC (4, 9). Par exemple, des études rapportent qu’un supplément d’inuline semble avoir un impact sur les hormones de faim et de satiété comme la GLP-1 et la ghréline en plus de l’augmentation de l’Akkermansia muciniphila (4, 9). D’autres études sont nécessaires pour confirmer les bienfaits ainsi que la durée et les doses optimales des suppléments.
Probiotiques
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantité adéquate, confèrent un bénéfice à l’hôte (6, 7). Les espèces les plus communes sont les Lactobacillus et les Bifidobacterium (4, 6, 7). Les probiotiques peuvent avoir plusieurs bienfaits tels qu’équilibrer le microbiote intestinal, moduler la réponse immunitaire, maintenir la barrière intestinale, favoriser une « compétition » à l’adhésion des agents pathogènes, favoriser la production des AGCC et des molécules qui agissent comme neurotransmetteurs et améliorer les symptômes gastro-intestinaux et l’humeur (4, 6, 7).
Plusieurs études ont évalué les effets des probiotiques dans plusieurs contextes, dont la gestion de poids, la dépression et les maladies rhumatologiques. La très grande hétérogénéité des données rend les recommandations difficiles en plus des multiples facteurs qui influencent leur réponse comme l’alimentation et le microbiote existant de l’individu (6, 7).
Dans l’alimentation, on retrouve des « probiotiques » dans certains aliments fermentés comme le yogourt, le kéfir, le kimchi et le miso. En revanche, ces produits ne répondent pas aux critères des probiotiques en raison du manque de standardisation du contenu bactérien (1). Il est important de rappeler que ce ne sont pas toutes les bactéries qui sont des probiotiques et qu’elles doivent atteindre le tractus intestinal pour avoir des bienfaits (6, 7).
Postbiotiques : Les produits métaboliques bienfaisants
Les postbiotiques sont toute substance libérée ou produite par l’activité métabolique du micro-organisme, qui exerce un effet bénéfique sur l’hôte, directement ou indirectement (8, 10). En d’autres termes, ce sont des métabolites du microbiote (8, 10). Les postbiotiques les plus connus sont les AGCC incluant le butyrate, l’acétate, le propionate et le pyruvate (8, 10). On retrouve également entre autres les muramyldipeptides, les polyphosphates à longue chaîne, les exopolysaccharides et les enzymes antioxydantes (glutathion peroxydase, peroxyde dismutase, catalase) (8, 10). Tous ces postbiotiques apportent plusieurs bienfaits au microbiote intestinal, dont la maturation du système immunitaire, l’amélioration de l’inflammation intestinale et de la fonction de la barrière intestinale (8, 10). Les bienfaits observés sont potentiellement bidirectionnels par les bactéries présentes et les postbiotiques engendrés (8, 10). Les études actuelles sont principalement menées in vivo et des recherches supplémentaires sur l’humain sont nécessaires (8, 10). Cependant, l’étude des postbiotiques démontre qu’il reste encore beaucoup à comprendre et à découvrir sur le microbiote intestinal.
Pour conclure
Les prébiotiques, les probiotiques et les postbiotiques jouent un rôle important dans la santé intestinale. Intégrer les aliments riches en prébiotiques tous les jours est favorable pour l’équilibre microbien, la santé globale et la synthèse des postbiotiques. Il est pertinent d’évaluer l’utilisation clinique des suppléments probiotiques selon les raisons et les symptômes.
Intégrer des légumes, des fruits, des grains entiers, des polyphénols et des protéines végétales est bénéfique pour ces composants à la santé intestinale et globale
Références de l'article
- Balasubramanian et al. (2024) Fermented foods: Harnessing their potential to modulate the microbiota-gut-brain axis for mental health. Neurosci Biobehav Rev Mar;158:105562. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38278378/
- Beam et al. (2021) Effect of Diet and Dietary Components on the Composition of the Gut Microbiota. Nutrients Aug 15;13(8):2795. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34444955/ >/a>
- Bibbo et al. (2016) The role of diet on gut microbiota composition. Eur Rev Med Pharmacol Sci 20;22, 4742-4749. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27906427/
- Duranti et al. (2017) Obesity and microbiota: an example of an intricate relationship. Genes Nutr Jun 15;12:18. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28638490/
- Gomaa (2020) Human gut microbiota/microbiome in health and diseases: a review. Antonie Van Leeuwenhoek. Dec;113(12):2019-2040. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33136284/
- International Probiotics Association (IPA) https://internationalprobiotics.org/
- International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) https://isappscience.org/
- Li et al. (2021) Effects and Mechanisms of Probiotics, Prebiotics, Synbiotics, and Postbiotics on Metabolic Diseases Targeting Gut Microbiota: A Narrative Review. Nutrients Sep 15;13(9):3211. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34579087/
- Reimer et al. (2024) The effects of chicory inulin-type fructans supplementation on weight management outcomes: systematic review, meta-analysis, and meta-regression of randomized controlled trials. Am J Clin Nutr Nov ;120 (5) : 1245-1258. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39313030/
- Żółkiewicz et al. (2020) Postbiotics-A Step Beyond Pre- and Probiotics. Nutrients Jul 23;12(8):2189. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32717965/
Cet article transmet uniquement des informations générales qui ne remplacent pas les recommandations ni les soins d’un professionnel de la santé.