Lorsque vos clients pratiquent une activité sportive régulièrement, particulièrement s’ils le font avec une intensité élevée, il est presque inévitable qu’ils subissent une ou des blessures à un moment ou un autre. Toutefois, c’est la gestion de la blessure et le paramétrage de l’entraînement en vue du retour à l’exercice qui détermineront, très souvent, si cet épisode pourra être mis de côté relativement rapidement ou s’ils expérimenteront des rechutes qui pourraient prolonger leur période de convalescence !
Phase de retrait :
La première étape à la suite d’une blessure consiste à protéger le site de la lésion. Ceci permet avant tout d’éviter d’aggraver les dommages tissulaires pendant que l’organisme traversera une phase inflammatoire initiale nécessaire à la guérison (1). La douleur, sensation désagréable, mais au rôle important de protection, s’atténuera habituellement progressivement avant de disparaître. Toutefois, cette dernière s’efface la plupart du temps avant la reconsolidation complète des tissus blessés. Par conséquent, il est malheureusement fréquent de tomber dans le piège d’un retour trop hâtif au sport si on se fit uniquement à cette sensation. Comme thérapeute, la pédagogie sera la clé pour expliquer l’importance de la phase initiale de retrait qui impliquera la plupart du temps un déconditionnement conséquent et donc une période d’inactivité. Plus la période d’inactivité sera prolongée, plus le déconditionnement s’accentuera (2). La réduction des capacités physiques résultante pourrait faire en sorte de préparer le terrain pour une éventuelle rechute ou une autre blessure, ce qui prolongera le temps de rétablissement. Afin d’assurer un retour à l’activité physique optimal, il est d’abord important de bien connaitre le type de blessure encourue. Un muscle par exemple (comme pour un claquage) mettra moins de temps à guérir qu’un ligament (entorse) ou un os (fracture de stress) (3). Ensuite, il est important de chercher à limiter le déconditionnement en mettant en place certaines mesures dès que possible (4).
Phase de reprise sportive : votre client doit reprendre, mais prudemment !
L’activité cardio-vasculaire, lorsqu’elle est bien tolérée, permet d’acheminer davantage de nutriments au site de la blessure pour accélérer le processus de guérison. Pour une blessure à un membre, l’entraînement controlatéral du membre sain, loin de créer des déséquilibres, permet, au contraire, de ralentir l’éventuelle perte de masse musculaire du membre blessé via un principe neurologique appelé éducation-croisé (5). Enfin, il est nécessaire d’analyser scrupuleusement la nature des demandes qui devront être imposées sur l’articulation que l’on cherche à entraîner à nouveau. Doit-on viser à rétablir l’amplitude articulaire ? La force musculaire ? L’endurance ? La puissance ? Jusqu’à quel niveau exactement ? Progresser graduellement vers ces objectifs est souvent la clé d’une réadaptation optimale. Bien entendu, il faut aussi miser sur de bonnes habitudes qui accélèreront le temps de récupération tel qu’un sommeil de qualité (au moins 7 heures pour un adulte) et une alimentation variée riche en protéines (6).
Le kinésiologue (en collaboration avec d’autres professionnel(le)s de la santé lorsque nécessaire) est bien formé pour assurer une progression d’entraînement adéquate en vue d’un retour à l’activité physique. En partenariat étroit avec le sportif, le kinésiologue surveillera l’évolution graduelle des capacités physiques alignées sur les objectifs à atteindre. Les rétroactions des patients constituent de précieux guides dans ce processus : ces derniers doivent être sensibilisés à l’importance d’écouter les signaux de leurs corps qui peuvent indiquer qu’ils ne sont pas encore prêts à franchir une prochaine étape : un sentiment de fatigue excessif ou la présence de douleur lors de certains gestes en sont des exemples (7). Cette collaboration, jumelée à de la patience, de la discipline et une attitude positive, permettra au sportif de revenir au jeu à pleine capacité. De plus, les heures d’entraînement accumulées pourront souvent même servir à rendre l’organisme encore plus résilient qu’avant la première blessure (8)!
Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal (Saint-Eustache). Vous pouvez prendre rendez-vous directement sur leur site web au www.osteo-solution.com
Cet article transmet uniquement des informations générales qui ne remplacent pas les recommandations ni les soins d’un professionnel de la santé.
Références :
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- Jan YK, Major MJ, Pu F, Sonenblum SE. Editorial : Soft Tissue Biomechanics in Wound Healing and Prevention. Front Bioeng Biotechnol. 2022 Apr 5;10:897860. doi: 10.3389/fbioe.2022.897860. PMID: 35449596; PMCID: PMC9017806.
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- Abernethy L, Bleakley C. Strategies to prevent injury in adolescent sport: a systematic review. Br J Sports Med. 2007 Oct ;41(10) : 627-38. doi: 10.1136/bjsm.2007.035691. Epub 2007 May 11. PMID: 17496070; PMCID: PMC2465167.
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